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La cosmétique de l’ennemi

cosmetique ennemi

Auteure : Amélie Nothomb

Maison d’édition : Albin Michel

Année de publication : 2001


Résumé

Jérôme Angust, homme d’affaires qui semble être tout ce qu’il y a de plus banal, attend son vol, assis dans les chaises inconfortables communes aux aéroports. Textor Texel, un peu moins banal, avait décidé de faire de Jérôme la victime du crime parfait. Personne n’était au courant. Pas même Jérôme. Tout ce que Textor Texel avait eu à faire, c’était de parler et d’attendre. Et plus il parlait, plus son piège se refermait sur sa victime. Plus le dialogue se poursuivait, plus l’effet d’entonnoir opérait. « J’agis en fonction d’une cosmétique rigoureuse. La cosmétique, ignare, est la science de l’ordre universel, la morale suprême qui détermine le monde. Ce n’est pas ma faute si les esthéticiennes ont récupéré ce mot admirable. Il eût été anticosmétique de débarquer en vous révélant d’emblée votre élection. Il fallait vous la faire éprouver par un vertige sacré. »

Critique

Un chef-d’œuvre. Amélie Nothomb ne manque jamais de me fasciner. Sa fluidité pour décrire des récits aussi complexes me surprend à chaque fois. Elle aborde des thèmes complexes, durs, controversés. Mais elle le fait avec tant d’adresse et en parle d’un point de vue si peu commun qu’on ne peut s’empêcher de tourner page après page, sans même s’en rendre compte. Textor Texel est certes un être abominable doublé d’un assassin, mais je n’ai pu m’empêcher de lui donner raison sur beaucoup de choses et je dois avouer qu’il m’a souvent bien fait rire. On cherche par tous les moyens de savoir si Jérôme Angust va réellement mourir, et si oui, comment. Le suspense dure jusqu’aux toutes dernières pages, qui ne déçoivent absolument pas. Un roman qui se lit très bien, qui soulève des questionnements dans notre for intérieur, qui ne laisse pas de place à l’ennui, avec une touche d’humour pour équilibrer le drame.

 

Rédigé par Marianne Hamiaux, 12 mai 2015.

Les fourmis

les fourmis

Auteur : Bernard Werber

Maison d’édition : Albin Michel

Date de publication : 1991


Résumé

Tout se passe en même temps. D’un côté, Jonathan Wells hérite de la demeure de son oncle savant Edmond Wells, à côté de la forêt de Fontainebleau et découvre ses secrets. Quand le chien de son fils effectue une descente au sous-sol et y laisse sa peau, Jonathan décide d’éclaircir le mystère de la cave. Il ne revient pas lui non plus. De l’autre, la fourmilière de Bel-O-Kan, de la forêt de Fontainebleau, comprenant soixante-quatre cités fédérées et entretenue par dix-huit millions d’habitants, s’éveille au début du printemps. La fourmi mâle 327e part en expédition de chasse avec quelques compagnes. Seule la 327e reviendra de cette expédition. Une arme extrêmement puissante et efficace a exterminé toutes les autres fourmis rousses de l’expédition. 327e en informe la Reine. En même temps que Jonathan découvre qui était réellement son oncle Edmond, les rousses Bel-O-Kanniennes se préparent à une guerre sans merci.

Critique

Une histoire de science-fiction extrêmement intéressante et enrichissante, écrite de mains de maitre. Werber entre dans l’univers de l’infiniment petit avec une précision et un sens du détail exquis. Ces fourmis semblent en avoir beaucoup à nous apprendre. Premier roman de la trilogie des fourmis (le Jour des fourmis, 1992 ; la Révolution des fourmis, 1996), on se met inévitablement à établir des comparaisons entre la civilisation fourmis et la civilisation humaine. On se questionne sur la place à donner à l’individu dans une communauté, et sur l’importance de la communauté pour un individu. Comment se fait-il que les fourmis soient si bien organisées, si synchronisées, si connectées? Qu’est-ce qui empêche les humains de l’être, eux aussi? Combien de choses de savons-nous pas encore? Ce sont des questions auxquelles Edmond Wells tentera de répondre dans son Encyclopédie du savoir relatif et absolu. Un scénario compliqué, mais si bien amené que tout est absolument fluide. Des personnages extrêmement intéressants, même au niveau des fourmis. Un univers si loin du nôtre et pourtant qui se trouve juste à nos pieds. Et qui sait, peut-être ces univers se rencontreront-ils?

Rédigé par Marianne Hamiaux

Aliss

Aliss

Auteur : Patrick Senécal

Maison d’édition : Alire

Année de publication : 2000


Résumé

Alice, jeune femme brillante de Brossard, décide de quitter le cocon familial pour se propulser dans la grande métropole. En quête de sensations fortes et d’un besoin de s’affirmer, elle aboutit sur la rue Saint-Denis avec seulement une valise et quelques dollars. N’ayant pas encore les habitudes des gens urbains, elle suit un homme jusque dans le métro pour lui redonner le portefeuille qu’il avait laissé tomber. Arrivée au bout de la ligne verte, elle remarque quelque chose d’étrange : il n’y a qu’une sortie, qui débouche sur un quartier pour le moins particulier. Ayant décidé de ne reculer devant rien, elle s’installe donc dans cet endroit peuplé d’individus étranges et parfois plutôt inquiétants. Et bien sûr, elle devra trouver la bonne question…

Critique :

Âmes sensibles, s’abstenir. Senécal a réellement compris comment manipuler les charmes de l’horreur. Il ne tombe jamais dans le ridicule, erreur trop souvent commise par les auteurs qui exploitent ce style. Spécialement avec un roman comme Aliss, inspiré du compte original de Lewis Carroll Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles (1865), il aurait été facile de rendre les personnages trop caricaturaux et enfantins. Mais j’ai toujours voulu savoir jusqu’où Aliss irait pour trouver la bonne question. J’ai toujours voulu savoir quel prochain personnage du conte viendrait à être transformé par Senécal, et surtout comment il le serait. Les pages se tournaient toutes seules. Pour qu’un roman d’horreur soit réussi, il faut qu’on y croie. Or, même si nous savons tous très bien que ce quartier étrange de Montréal, alias le « Pays des merveilles », n’existe pas, on ne peut s’empêcher de penser qu’il pourrait exister. Il est encore plus intéressant de lire Aliss lorsqu’on a lu le conte original de Carroll, puisque tous les personnages s’y trouvent.La différence c’est qu’ils sont Montréalais et bien sûr, fous. L’auteur décrit si bien l’état d’esprit dans lequel évolue Alice qu’il est impossible de lâcher le livre. Suspense, tension, personnages particuliers, péripéties perturbantes, psychologie et morale, même un cours de philosophie (ou presque)… la recette parfaite du roman d’horreur est là.

Rédigé par Marianne Hamiaux